OUVRAGE-COLLECTIF-PROLOGUE

PROLOGUE

Le terme « Big Data » (données massives) a émergé ces dernières années pour caractériser l’énorme quantité et variété des informations disponibles via Internet désormais indispensables à notre quotidien. Cette situation est le résultat de nombreuses années de recherches et de développements dans les Sciences et Technologies de l’Information et de la Communication (STIC). Dans ce contexte, le concept de Big Data désigne les données mais aussi les applications de gestion et d’utilisation de ces données nombreuses et variées. Ce terme suscite, à juste titre, des inquiétudes. Il importe en effet que les informations soient collectées de façon transparente et utilisées pour le bien des individus, à la fois producteurs et consommateurs. Les inquiétudes liées au Big Data prennent une dimension plus importante avec l’IA (Intelligence Artificielle). Celle- ci correspond au domaine où l’on conçoit et exécute des programmes (ou algorithmes) qui se rapprochent le plus possible d’un comportement humain y compris pour des prises de décision délicates comme en santé. Ainsi est- il essentiel que les applications de l’IA s’appuient sur des masses de données de qualité. Les domaines et enjeux de l’IA et du Big Data sont ainsi devenus indissociables.

Depuis les années 1960, Grenoble a joué un rôle de premier plan dans l’évolution des STIC avec au sein de la communauté IMAG (Informatique et Mathématiques Appliquées de Grenoble), la mise en place de recherches et de formations en matière de traitement des données, des informations et des connaissances par plusieurs pionniers à l’origine d’équipes dédiées. La communauté académique a été très souvent d’une part associée à des partenaires industriels comme IBM ou Bull, et d’autre part impliquée dans des champs d’applications divers tels que le médical ou la gestion.

Les pionniers et leurs héritiers désirent laisser un témoignage de leurs travaux tandis que les chercheurs présents dans les laboratoires grenoblois (comme le LIG – Laboratoire d’Informatique de Grenoble – ou le centre INRIA) souhaitent décrire les problèmes actuels traités en matière de Big Data. C’est pourquoi ce projet d’ouvrage collectif a vu le jour avec un double objectif :

(1) raconter l’histoire grenobloise en matière de traitement des données, des connaissances et des Systèmes d’Information : décrire les recherches mais aussi l’ouverture vers les transferts industriels et les différentes applications ;

(2) expliquer ce que recouvre le terme de « Big Data » en décrivant les travaux menés aujourd’hui principalement à Grenoble sur les différentes facettes de ce sujet : le Web des données et des connaissances, l’apprentissage automatique et l’Intelligence Artificielle, l’aide à la décision, les données spatiales et ambiantes, etc.

Deux types de contributions sont rassemblées dans cet ouvrage : des synthèses et des témoignages de personnes présentes ou formées à Grenoble sur l’histoire ou sur un aspect particulier du Big Data et de l’IA.

Cette histoire grenobloise (parties I à III) commence avec les fondateurs de la communauté IMAG (Jean Kuntzmann, Noël Gastinel, Bernard Vauquois, Louis Bolliet) et se poursuit avec les pionniers en traitement des données et des informations. Il s’agit par ordre alphabétique de

(1) Jean- Raymond Abrial, qui a dirigé un projet de Système de Gestion de Base de Données (SGBD) et qui, après son passage à Grenoble s’est fait connaître par l’automatisation de la ligne 14 du métro parisien ;

(2) Claude Delobel, ancien professeur à l’Université de Grenoble, qui a mis en place la recherche en Bases de Données (BD) et qui a participé ensuite à plusieurs projets de valorisation comme le SGBD O2 ;

(3) François Peccoud, spécialiste des Systèmes d’Information (SI), qui a créé à Grenoble plusieurs structures (pédagogique, recherche, transfert industriel) et qui est devenu président de l’UTC (Université de Technologie de Compiègne) en 1995.

Ces personnes ont formé plusieurs générations de chercheurs, qui décrivent ici leurs activités sur plusieurs décennies. Une place importante est laissée aux acteurs du monde industriel en décrivant des transferts entre université et industrie.

Pour le présent (parties IV à VI), des chercheurs en activité sur le site grenoblois (UGA, Grenoble INP-UGA, CNRS, INRIA) ainsi que des spécialistes formés à Grenoble apportent synthèses et témoignages sur les développements récents du Big Data et de l’IA. L’aspect pluridisciplinaire est mis en évidence grâce aux multiples coopérations au sein de l’UGA (par exemple, juristes et informaticiens), entre équipes grenobloises et au niveau international. Enfin, plusieurs domaines d’applications sont évoqués, certains prenant leurs racines dans le passé (par exemple, le médical), d’autres représentant des aspects plus récents du Big Data (par exemple, l’information géographique). Avec des équipes de renom et de multiples environnements (entrepôts de données, data centers), tout est en place à Grenoble pour tirer le meilleur du Big Data et de l’IA pour soigner, enseigner, communiquer, produire, etc.